Dans la langue des oiseaux la dépression est une Dé-pression . Enlever la pression de quelques choses à identifier. Au travers de ce processus pénible où certes on semble sombrer dans un état passif de non vie, le sujet qui en souffre, doit prendre la mesure des souffrances inconscientes qui l’anime puis prendre le temps de guérir ses blessures. Malheureusement la vision sociale et médicale de la dépression n’amène pas jusqu’ici cette prise de conscience. Dans ma compréhension de l’humain au fil de mon expérience , la dépression est tout sauf une maladie….d’ailleurs, toujours dans la langue des oiseaux maladie = mal à dire .

LE CERVEAU ET LA DEPRESSION

Le cerveau, c’est 100.000.000.000 de neurones x 10.000 connexions par neurone X 20 impulsions synaptiques par seconde… Un organe d’une plasticité phénoménale : en profond remaniement structural permanent. Le cerveau se modifie en fonction de nos expériences affectives, psychiques, cognitives, chaque seconde de notre vie. D’un poids d’1,5 kilo (2 % du poids du corps environ), il utilise 20 à 30 % de l’apport quotidien d’énergie, soit un repas par jour, pour fonctionner. Notre cerveau est une incroyable centrale électrique aux modifications morphologiques cellulaires incessantes. Il existe un équilibre permanent entre notre système limbique dominant nos comportements liés aux émotions et notre cortex préfrontal, visant à utiliser nos capacités cognitives pour aplanir ces émotions.

En fait n’importe qui, selon son histoire de vie et l’accumulation de traumatismes peut un jour ou l’autre vivre une dépression. Ce qui se passe émotionnellement dans le psychisme est qu’en raison d’un mal être récurrent sur une longue période, la personne va prendre un compromis névrotique sous la forme d’une décision inconsciente « qu’il vaut mieux mourir, parce qu’il n’a plus d’espoir de s’en sortir » Autrement dit la personne qui manifeste une dépression en a tellement assez de se vivre dans une impasse de vie, qu’elle met en scène fantasmatiquement le projet de mettre fin à sa vie. Rassurez-vous tout le monde n’est pas candidat au passage à l’acte de suicide…..Heureusement. Cependant c’est très douloureux.

Des états dépressifs peuvent s’ancrer très tôt dans la vie du sujet, même à la naissance dirai-je. Elle peut rester en sommeil pendant 10 – 20 – 30 ans sans jamais se manifester. Et puis un jour, en fonction des aléas de la vie, de la répétition d’insatisfactions ou d’un événement particulièrement douloureux isolé, la dépression peut se manifester.

Le système limbique (hippocampe, amygdale) intervient en premier. Il déclenche les émotions brutes survenant de façon instinctive comme l’instinct de survie mais aussi la mémorisation, l’apprentissage. C’est le siège de nos émotions les plus primitives.

Le cortex préfrontal contrôle notre sang froid, notre intelligence, notre esprit d’initiative, analyse les situations, détermine les prises de décision. C’est plus le siège de nos émotions humaines qui nous distinguent des mammifères comme l’empathie, la compassion, les formes évoluées d’attachement comme le sentiment d’amitié, d’amour. Nos actes sont contrôlés en permanence par une balance entre cortex frontal et le système limbique.

Au début de la vie, les structures limbiques sont opérationnelles. Le bébé ressent l’angoisse de séparation, la peur face à un bruit, la colère quand sa faim n’est pas satisfaite. Son cortex préfrontal n’est au contraire pas du tout opérationnel. C’est à son entourage de calmer ses angoisses, ses peurs et ses colères. Ses parents font office de cortex préfrontal ; C’est pour cette raison que dans sa vie d’adulte, la capacité de l’Humain à s’attacher, à initier et stabiliser des relations affectives, dépendront directement de ce qu’il aura reçu positivement ou négativement en terme de manque. L’apport affectif est donc primordial pour que les structures de contrôle préfrontales se mettent en place au fil des premières années de la vie de l’enfant.

A noter que le cerveau se myélinise de l’arrière à l’avant, les structures préfrontales et frontales achèvent leur maturation après l’âge de 20 ans. Ainsi l’éducation, tout au long de l’enfance et de l’adolescence, va revêtir un rôle primordial dans les capacités de l’enfant à gérer ses émotions et forgera un équilibre entre les deux systèmes. Un enfant-roi qui n’a pu acquérir de bonnes capacités de tolérance aux frustrations, de gestion de ses pulsions agressives de toute puissance, peut devenir un adolescent au système limbique très actif et au cortex préfrontal trop fragile pour lui permettre de contrôler parfaitement le flux continu d’émotions primitives bien souvent dommageables dans la vie sociale et affective.

Au cours d’une DEPRESSION, tout se passe comme si l’amygdale devenait hyperactive lors que le cortex préfrontal n’est pas en état d’exercer son rétrocontrôle négatif. Le dépressif voit tout en noir, adopte un système de pensées négatif, voyant le mal partout, ses affects sont envahis de pensées automatiques négatives. En revanche en dehors d’une dépression, les pensées automatiques négatives qui surviennent à longueur de journée « je n’y arriverai jamais », « je suis nul », sont contrecarrées par une pensée positive provenant de notre cortex préfrontal « mais si je vais y arriver », « je sais que je peux le faire, j’ai confiance en moi ». La thérapie T.E.A.M. © (thérapie emdr et techniques multiréférentielles) vise à repérer l’ensemble des cognitions négatives et inadaptées associées nécessairement à des éléments traumatiques.

 

UNE COGNITION NEGATIVE, c’est quoi ?

Une croyance négative, qui s’exprime sous la forme d’une phrase anodine et banale. Vous savez des petites phrases comme « j’y arriverai jamais, je suis nul, personne ne m’aime ». La croyance, dans votre cerveau est une programmation négative qui va se mettre en œuvre, comme un programme automatique à chaque fois que quelque chose vous renvoie (le plus souvent inconsciemment) à sa source. Nous avons tous un ensemble de croyances négatives et nous sommes tous absolument convaincus qu’elles sont vraies. Ensuite la plupart des croyances sont largement inconscientes, difficulté supplémentaire…Vous devrez donc admettre, pour vous en débarrasser, qu’il ne suffit pas de vouloir les oublier, de vouloir les banaliser ou ridiculiser pour qu’elles arrêtent d’être actives. .C’est en nettoyant chaque cible traumatique, que vous viendrez, sans médicament, ni thérapie longue, à bout de la dépression . La dépression en réalité n’est donc pas une maladie dans le sens organique du terme. Elle est une réponse pertinente à un ensemble de blessures qui vous montrent la nécessité de régler ce problème.

 

LES MECANISMES D’ACTION DES MO en EMDR

Les stimulations bilatérales activent les systèmes cholinergiques et inhibent le système sympathique ; ce dernier intervient dans bon nombre d’activités physiologiques inconscientes à travers deux neuromédiateurs : l’adrénaline, et la noradrénaline. Des changements positifs pendant la phase de désensibilisation se manifestent au niveau du rythme cardiaque, de la conduction de la peau et du ratio basses fréquences/hautes fréquences, la température des doigts, la fréquence respiratoire.

L’EMDR a ses prémisses à expérimenté la pratique des mouvements oculaires ? Cependant c’est dès 1937 que les mouvements oculaires rapides observés durant le sommeil ont fasciné les neurologues. Associés aux rêves et à la phase de sommeil paradoxal, et supposés vitaux pour la “maintenance” cérébrale, leur fonction exacte n’a jamais encore été pleinement comprise… Une équipe de chercheurs français, israéliens et américains continuent de travailler à la compréhension de ce phénomène. Ils ont testé une nouvelle hypothèse, inédite, sur le sens des MO rapides à l’aide d’électrodes implantées dans le cerveau de 19 patients humains captant directement l’activité des neurones impliquées. Cette hypothèse semble validée , votre physiologie en faisant pendant votre sommeil des mouvements oculaires rapides tenterait de faire un «reset » des informations négatives à la fois de votre quotidien, mais aussi de tout ce qui est stocké dans votre cerveau. Bon ce n’est pas aussi simple que je le présente. L’activité de milliers de neurones analysée durant les rêves des volontaires dont 172 dans le cadre d’un traitement contre l’épilepsie. Grâce à elles, les chercheurs pu suivre l’activité de quelque 2000 neurones, soit de manière individuelle soit par groupe (en tout, 600 sources de mesure), durant des séances de sommeil et de veille de 7 heures en moyenne. J’ai moi-même pu vérifier les retombées positives de l’utilisation de l’emdr dans le cas de patients épileptiques , sans avoir (à l’époque) connaissance de ses données. Il a été remarqué par les chercheurs que nous utilisons également en phase d’éveil les mouvements oculaires rapides (entre 2 à 5 mn). C’est imperceptible par nous, sauf si nous sommes déjà évolués sur la prise de conscience de nous même. On sait donc que chaque séquences de saccades ouvre et ferme une période de la scène visuelle aperçue, qui est alors traité en bloc par le cerveau. Ce mécanisme est interprété par les neurologues comme une remise à zéro de l’attention visuelle permettant de passer d’une période à l’autre – une sorte de zapping de l’attention visuelle

Une expérience traumatique grave provoque l’interruption du fonctionnement normal du système neurologique et psychologique de traitement de l’information. Celui-ci est nécessaire à la résolution et à l’assimilation de l’évènement traumatique. Or le traumatisé après un choc très grave, ne peut incorporer l’événement comme il le fait habituellement. La thérapie EMDR stimule les mécanismes neurologiques accélérant le « re-traitement » du vécu traumatique et son assimilation.

Plusieurs études contrôlées ont démontré la remarquable efficacité de la thérapie EMDR pour la résolution les états de stress post-traumatiques (ESPT en français, PTSD dans la littérature anglo-saxonne), autant chez les victimes de traumatismes civils (viols, accidents, deuils) que chez les vétérans de la guerre du Vietnam ou les victimes de conflits dans les pays en voie de développement. De fait, à ce jour, la thérapie EMDR est une des méthodes de traitement des états de stress post-traumatiques (ESPT ou « PTSD ») les mieux documentées par la littérature scientifique.

Francine Shapiro, Ph.D. fondatrice de la thérapie EMDR, Senior Research Fellow du Menlo Park Research Institute (« L’École de Palo Alto »), et présidente de l’EMDR Institute, Californie. Francine Shapiro a reçu juillet 2002 le prix Sigmund Freud décerné conjointement par le Congrès Mondial de Psychothérapie et la ville de Vienne.

  • L’EMDR mobilise un processus naturel de guérison psychique analogue à ceux qui, par exemple, permettent la cicatrisation de l’organisme après une coupure. –
  • L’EMDR remet en route des processus bloqués.
  • L’EMDR n’efface pas le passé, ne rend pas amnésique. La personne ne souffre plus quand elle repense à l’événement traumatisant., qui alors ne fait plus mal

Les symptomatologies anxieuses, phobique ou dépressives sont considérablement réduites. Il est à noter cependant, comme il ne s’agit jamais dans ces cas là de traumatismes simples, la thérapie peut durer plusieurs mois jusqu’à ce que l’ensemble des traumatismes identifiés aient été traités.

L’EMDR est applicable avec de très bons résultats aussi bien pour les enfants que pour les adultes. En matière de traumatismes psychiques les études contrôlées montrent 80% de taux de guérison.

 

EN CONCLUSION

trop de personnes souffrent sur terre de traumatismes non identifiés, et trop de personnes encore au 21è siècle considèrent la psychothérapie comme inutile, ou seulement réservée aux « fous » . Avoir recours à la psychothérapie c’est non seulement digérer votre histoire traumatique mais c’est surtout préserver votre santé émotionnelle et psychique en tant que « pratique alternative de santé » au lieu de la banaliser, ou de l’écorcher.

« Toute personne possède en elle-même les capacités de guérir et d’être heureuse, « pour peu qu’elle soit en contact son désir profond d’une part, et qu’elle puisse accepter une part d’influence positive de son thérapeute ». (cf. Tobie Nathan : l’influence qui guérit).

Sur ce blog, les internautes et moi-même sommes ravis des commentaires bienveillants qui apportent témoignage d’expériences et aident tout un chacun à voir qu’il n’est pas seul.

Avec gratitude, je vous dis à très bientôt

Carole